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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/146

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CONTES D’ITALIE

qui l’a perdu, à coup sûr, et elle doit être divinement belle ; elle ne saurait être autrement, en ce jour paisible, plein d’un lyrisme torride, en ce jour où toutes les choses banales et ennuyeuses deviennent invisibles, comme si, honteuses d’elles-mêmes, elles se dérobaient aux regards du soleil.

Le silence règne ; seuls, les oiseaux gazouillent dans le jardin, les abeilles bourdonnent autour des fleurs, et sur la montagne, parmi les vignes, une chanson soupire avec ardeur. Les chanteurs sont deux, un homme et une femme, chaque couplet est séparé de l’autre par un instant de silence, ce qui donne à la chanson un accent singulier, vaguement religieux.

Une dame venant du jardin monte lentement les larges degrés de l’escalier de marbre. C’est une vieille femme, très grande, au visage sombre et austère, aux sourcils