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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/147

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LE BOSSU

froncés ; ses lèvres minces sont serrées obstinément, comme si elle venait de déclarer farouchement :

— Non !

Sur ses épaules sèches est drapée une pèlerine de soie dorée, garnie de dentelles, ample et longue comme un manteau. Sa tête aux cheveux gris, petite et disproportionnée à la taille, est couverte d’une dentelle noire. D’une main, la dame tient une ombrelle rouge à long manche, et de l’autre un sac de velours noir brodé d’argent. Elle marche tout droit au travers du réseau des rayons, d’un pas ferme, comme un soldat, et frappe le carrelage sonore du bout de son ombrelle. De profil, son visage est encore plus dur : le nez est crochu, le menton pointu est marqué d’une grosse verrue grise ; le front bombé surplombe lourdement les trous obscurs où les yeux se dissimulent dans un tissu de rides. Ils sont si profondément cachés que la vieille femme semble aveugle.

Derrière elle, se dandinant comme un canard, un bossu trapu, monte sans bruit