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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/150

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CONTES D’ITALIE

Elle passait presque tout son temps avec lui, essayant de toutes manières d’exciter l’attention du petit garçon, de le faire rire ; elle lui glissait des jouets dans la main, avec lesquels il édifiait toutes sortes de pyramides ; bien rarement, cédant aux efforts de sa sœur, il souriait d’un petit sourire contraint ; en général, il la regardait comme il regardait tout le reste, avec une expression morne dans ses grands yeux, qui semblaient aveuglés par on ne sait quoi. Ce regard glaçait l’ardeur de la fillette et l’agaçait.

— Je ne veux pas que tu aies ce regard, tu deviendrais idiot ! criait-elle en tapant du pied. Elle le pinçait et le battait ; il pleurnichait et cherchait à défendre sa tête en levant les bras en l’air. Mais il ne s’échappait jamais et ne se plaignait à personne d’être battu par elle.

Plus tard, quand il sembla à la petite qu’il pouvait comprendre ce qui était déjà clair pour elle, elle l’exhortait :

— Puisque tu es infirme, tu dois être intelligent, sinon nous aurons honte de toi,