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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/171

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LE BOSSU

— C’est toi qui as machiné cela ! décria le bossu en se jetant sur sa sœur et en la saisissant à la gorge ; mais des étrangers survinrent et on arracha la jeune femme à son étreinte.

— Vous voyez, s’écria-t-elle, que mon frère n’est pas dans un état normal et qu’il est indispensable de le mettre en tutelle ! Cela a commencé aussitôt après la mort de notre père ; mon frère l’aimait passionnément. Demandez à nos domestiques ; tous savent qu’il est malade. S’ils ont gardé le silence jusqu’à ces derniers temps, c’est parce qu’ils sont de braves gens ; l’honneur de la maison, où beaucoup d’entre eux vivent depuis leur enfance, leur est cher. Moi aussi, j’ai caché notre malheur ; je ne pouvais être fière d’avoir pour frère un dément.

Le visage du bossu se violaça et ses yeux sortirent de leurs orbites, quand il entendit ces paroles ; il ne put proférer un son ; il égratignait en silence les mains de ceux qui le tenaient. La sœur ajouta :

— Mon intention est d’offrir cette maison