Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
CONTES D’ITALIE

Un nuage opalin de couleur transparente s’élève et se développe au-dessus de la cité ; une vapeur phosphorescente et jaunâtre se répand irrégulièrement sur le gris réseau des édifices massés. À présent, la ville ne paraît plus anéantie par l’incendie et inondée de sang ; les lignes brisées des toits et des murailles ont quelque chose de féerique, mais en même temps d’inachevé, d’incomplet, comme si celui qui avait bâti cette grande agglomération était fatigué et dormait, ou que, désillusionné, il eût abandonné sa tâche et fût parti, à moins encore qu’ayant perdu la foi, il ne fût mort.

Cependant la ville, vivante, est animée de l’accablant désir de se voir belle et fièrement dressée vers le soleil. Elle geint dans le délire de ses innombrables aspirations de bonheur ; elle est agitée par une ardente volonté de vivre ; dans le sombre silence des champs qui l’entourent, s’écoulent en ruisseaux paisibles des sons étouffés ; la noire coupe du ciel se remplit de plus en plus d’une clarté trouble et angoissée.