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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/175

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L’ENFANT DANS LA NUIT

recouvrant du noir manteau de l’oubli le lointain d’où il est sorti.

Et s’épaississant, l’obscurité cache dans une tiède étreinte les maisonnettes blanches et rouges, solitaires, disséminées sur les collines et collées humblement au sol. Jardins, arbres, cheminées, tout devient noir et disparaît, écrasé par les ténèbres nocturnes comme si tout avait peur de la petite silhouette qui s’avance, munie d’un bâton, comme si tout jouait avec elle ou se cachait d’elle.

L’enfant marche, silencieux ; il regarde avec calme la ville, sans hâter le pas. Frêle et solitaire, il semble apporter quelque chose d’indispensable et que tout le monde attendait depuis longtemps là-bas, dans la cité, où déjà des feux bleus, jaunes et rouges s’allument pour l’accueillir.

Le crépuscule s’est éteint. Les croix, les girouettes et les toits de fer des tours ont fondu et disparu ; la ville est devenue plus petite, plus basse et semble se serrer plus étroitement encore contre la terre muette.