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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/18

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CONTES D’ITALIE

santant les uns et les autres quand les gestes et les cris prennent un caractère trop violent. Au cas où une collision sérieuse se produirait, il y a dans la rue étroite, le long des murailles des maisons, un détachement de carabiniers armés de petits fusils légers. C’est un groupe assez sinistre de gens coiffés de tricornes, vêtus de manteaux courts et de pantalons dont les bandes rouges font penser à deux ruisselets de sang.

Les invectives mutuelles, les railleries, les reproches, les exhortations, tout se tait brusquement ; au-dessus de la foule passe un souffle nouveau comme conciliateur ; les grévistes prennent un air encore plus sombre ; en même temps, ils se serrent en une masse plus compacte. Dans la foule, des exclamations retentissent :

— Les soldats !

On entend un coup de sifflet ironique et joyeux à l’adresse des grévistes ; des cris de bienvenue s’élèvent et un gros homme vêtu d’un costume d’été clair, coiffé d’un panama, se met à sautiller, en frappant du pied