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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/185

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LES ADVERSAIRES

— Ah ! si vous l’entendez ainsi, oui !

— Tout ce qu’ont donné au monde ceux qui s’en sont écartés, m’est donné à moi !

— Évidemment, approuva l’ingénieur en fronçant les sourcils avec gravité.

— Et tout ce qui a été fait avant moi, avant vous, c’est du minerai que nous devons transformer en acier, n’est-ce pas ?

— Assurément !

— Car vous, les savants, comme nous, les ouvriers, vous vivez sur les travaux des cerveaux du passé.

— Je ne le conteste pas, dit l’ingénieur en baissant la tête.

À côté de lui, un petit garçon en haillons gris, pareil à une balle abîmée par le jeu, tenait dans ses mains sales un bouquet de crocus, et répétait avec insistance :

— Prenez-moi des fleurs, signor.

— J’en ai déjà !

— On n’a jamais assez de fleurs…

— Bravo, petit ! approuva Trama. Bravo, donne-m’en deux…

Quand le gamin lui eut tendu les fleurs,