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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/188

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CONTES D’ITALIE

L’ingénieur haussa les épaules et se leva :

— Oui, oui ! Cette histoire, vous le savez, a coûté trente-sept mille livres à l’entreprise…

— Il aurait été plus intelligent de les ajouter aux salaires.

— Hum ! Vous comptez mal ! De l’intelligence ! Chaque animal a la sienne…

Il tendit sa main sèche et jaune, et quand l’ouvrier la serra, il ajouta :

— Malgré tout, je vous le répète, vous devriez étudier, étudier…

— Je m’instruis sans cesse.

— Vous auriez fait un ingénieur avec une belle imagination.

— Hé ! l’imagination ne m’empêche pas de vivre…

— Au revoir, entêté !

Et l’ingénieur s’en alla sous les acacias, au travers du réseau des rayons solaires ; il mouvait lentement ses longues jambes décharnées et tendait avec soin son gant sur les minces doigts de sa main droite.

Le petit sommelier aux cheveux bleu-noir