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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/194

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CONTES D’ITALIE

s’il se préparait à s’envoler vers la mer paisible, semblable à du vin dans une coupe.

Et après avoir fait jouer ses vieux os, il s’assied sur une pierre près de la porte. De la poche de sa veste, il sort une carte postale, ferme à demi les paupières et se met à la regarder attentivement, en remuant les lèvres sans parler. Sur son large visage, qui n’a pas été rasé depuis longtemps et qui semble comme argenté, un nouveau sourire apparaît ; et dans ce sourire se confondent bizarrement l’amour, la tristesse et la fierté.

Sur le morceau de carton qu’il tient, sont représentés en bleu deux jeunes hommes aux larges épaules ; ils sont assis côte à côte et ils sourient gaîment ; ils ont des cheveux bouclés, une grosse tête comme celle du vieux Cecco ; au-dessus des portraits, on a imprimé en grandes lettres très lisibles : « Arturo et Enrico Cecco, deux nobles combattants de la classe ouvrière. Ils organisèrent la grève de vingt-cinq mille ouvriers de l’industrie textile, dont le gain