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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/197

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LA CARTE POSTALE

une grosse signora. Il la trouva au jardin, vêtue d’une robe blanche, ample et transparente : elle était accablée par la chaleur ; couchée dans un hamac, elle levait des yeux irrités vers le ciel bleu.

— Ces gens ont été mis en prison, dit-elle en mauvais italien.

Les jambes du vieillard tremblèrent comme si l’île tout entière avait vacillé sous un choc ; il trouva pourtant la force de demander :

— Ils ont tué ou volé ?

— Oh ! non. Ce sont des socialistes, tout simplement.

— Des socialistes, qu’est-ce que c’est ?

— C’est de la politique ! expliqua la signora, et elle ferma les yeux.

Cecco savait que les étrangers sont des gens absurdes, plus bêtes que les Calabrais ; mais il avait envie de savoir la vérité au sujet de ses enfants et il attendit longtemps près de la signora, jusqu’à ce que celle-ci ouvrît enfin ses grands yeux indolents. Et alors il demanda, en désignant du doigt les deux visages :