Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
L’INVINCIBLE ENNEMI

sujet que ce soit, elle prenait un ton hostile et sa douce voix se faisait mordante. Il était visible qu’elle connaissait la littérature catholique dirigée contre le socialisme et que les membres du petit groupe attachaient autant d’importance à ses paroles qu’à celles de son contradicteur.

Ici, on traite la femme beaucoup plus simplement, plus brutalement qu’en Russie, et jusqu’à ces derniers temps, les Italiennes ont justifié cette manière d’agir. Ne s’intéressant à rien, sauf au culte, elles étaient nécessairement étrangères aux progrès qu’accomplissaient les hommes et n’en comprenaient pas l’importance.

L’amour-propre du peintre était touché ; sa renommée de propagandiste habile souffrait dans ses controverses avec cette jeune fille. Il se fâchait, s’excitait ; plusieurs fois, il parvint à la tourner en ridicule, mais elle lui rendit la pareille ; elle lui inspirait un respect involontaire et le poussait à se préparer avec un soin tout particulier pour les séances auxquelles elle assistait.