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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/210

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CONTES D’ITALIE

En outre, il remarqua que chaque fois qu’il lui arrivait de parler du présent honteux, du joug qui accable l’homme d’aujourd’hui et mutile les corps comme les âmes ; chaque fois qu’il dépeignait la vie dans les sociétés futures, la jeune fille devenait tout autre. Elle éprouvait la colère contenue d’une femme forte et intelligente, qui connaît le fardeau des chaînes de l’existence ; elle avait l’avidité crédule de l’enfant qui écoute un conte de fée, une légende répondant à l’état de son âme merveilleusement complexe.

Cette transformation faisait naître en l’homme le pressentiment de sa victoire sur un ennemi puissant, sur un ennemi qui pouvait être un excellent camarade, un bon combattant pour la cause de l’avenir.

Ce débat entre eux dura presque une année, sans leur donner l’envie de se rapprocher et de discuter seul à seule. L’homme finit par faire les premières avances.