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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/217

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L’INVINCIBLE ENNEMI

épaisse et plus indestructible et qu’elle le séparait à jamais de la jeune fille.

Un jour de fête, comme il se promenait avec elle en dehors de la ville, dans la campagne, il exprima tout haut une pensée qui le travaillait :

— Il me semble parfois que je pourrais te tuer.

Elle ne répondit rien.

— As-tu entendu ce que j’ai dit ?

Elle le regarda en face, d’un air affectueux, et répliqua :

— Oui.

Et il comprit qu’elle mourrait, mais qu’elle ne céderait pas. Avant ce « oui », il la prenait parfois dans ses bras et l’embrassait ; elle se défendait, mais sa résistance faiblissait ; déjà, il rêvait qu’un jour elle s’abandonnerait et que, ayant vaincu son être, il aurait son cœur. Mais, à dater de cette heure, il sentit que ce n’aurait pas été une victoire, mais un asservissement, et alors il cessa de la troubler ainsi.

Elle lui déclara un jour :