Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
CONTES D’ITALIE

Il comprit qu’elle ne céderait pas de sitôt ; lui, évidemment, ne pouvait pas céder non plus. Ils se séparèrent ; la jeune fille lui dit, en le quittant :

— Ne nous torturons pas l’un l’autre ; ne cherche pas à me revoir… Ah, si tu t’en allais d’ici… Je ne peux le faire, moi, je suis trop pauvre !

— Je ne veux m’engager par aucune promesse, répondit-il.

Et la lutte entre ces deux êtres forts commença : ils se revirent, naturellement, et même plus souvent qu’auparavant ; ils se revirent, parce qu’ils s’aimaient ; ils cherchaient l’occasion de se voir, dans l’espoir que l’un d’eux ne saurait résister aux tortures d’un sentiment toujours plus violent et non satisfait. Leurs rencontres les laissaient pleins de désespoir et de douleur ; après chaque entrevue avec elle, il se sentait brisé et sans forces ; tout en larmes, elle allait se confesser ; il le savait et il lui semblait que la muraille noire élevée par les hommes tonsurés devenait de jour en jour plus haute, plus