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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/242

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CONTES D’ITALIE

Dans la nuit sans lune du Samedi Saint, par les étroites rues du faubourg de la ville, une femme vêtue d’un manteau noir marche lentement ; son visage est dissimulé par un capuchon ; les nombreux plis de son ample vêtement la font paraître énorme ; elle marche en silence et semble être la muette incarnation d’une inconsolable douleur.

Elle est suivie d’un groupe si compact qu’il paraît ne former qu’un seul corps ; ce sont des musiciens qui vont aussi lentement qu’elle ; les trompettes de cuivre sont tendues en avant avec angoisse ; elles s’élèvent d’un air suppliant vers le ciel sombre et mugissent, et soupirent. Les clarinettes chantent en nasillant comme des moines qui n’auraient pas assez dormi, et le basson souffle, tel un vent irrité ; le cornet à piston se plaint avec un son vindicatif, les cors de chasse l’imitent avec désespoir, et un baryton prie tristement ; une grosse caisse