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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/243

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VEILLES DE FÊTES

pousse de sourds gémissements en marquant la mesure de cette marche lugubre ; et le piétinement des centaines de gens sur les dalles se mêle au battement rapide du petit tambour.

Le cuivre des ceintures brille d’un éclat jaune, terne et mort ; les instruments de bois se dressent comme des trompes ; la troupe des musiciens est pareille à la tête d’un immense serpent noir, dont le corps se traînerait, pesant et sombre, entre les grises murailles, parmi les rues étroites.

Noire et muette, comme enchaînée par une invincible tristesse, la femme au manteau noir cherche on ne sait quoi dans les ténèbres ; elle entraîne l’imagination au fond des obscures croyances antiques, oh dirait Isis appelant son frère-époux coupé en morceaux par le mauvais Typhon ; il semble qu’un noir rayonnement se dégage de son incompréhensible personne et enveloppe toute l’ambiance dans les angoissantes ténèbres du passé lointain ressuscité cette nuit.