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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/257

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LA CONVERSION

garder, car les paysans abîmaient les arbres ; au pied du monticule, deux ouvriers, un vieux et un jeune, travaillaient ; ils creusaient un canal, je crois. Il faisait chaud, le soleil brûlait comme du feu ; j’aurais voulu être poisson ; je regardais ces deux hommes avec colère. À midi, ils abandonnèrent leur besogne et s’attaquèrent à leurs provisions : pain, fromage et cruche de vin. « Que le diable vous emporte ! » pensais-je. Soudain, le vieux qui ne m’avait pas encore gratifié d’un coup d’œil, dit quelques mots au jeune homme ; celui-ci hocha la tête ; alors le vieillard ordonna d’un ton sévère :

— Va ! te dis-je.

Le jeune homme vint à moi, la cruche à la main ; il s’approcha et me dit, d’un ton assez bourru :

— Mon père pense que vous avez soif et il vous offre du vin !

J’étais gêné, mais agréablement surpris ; je refusai, en secouant la tête dans la direction du vieillard ; je le remerciai ; il me répondit en regardant au ciel :