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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/263

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LA CONVERSION

— Attention, mes enfants ! N’oubliez pas que vous êtes soldats et qu’il y a une discipline !

Non, nous ne l’oubliions pas. Mais beaucoup d’entre nous — presque tous, à vrai dire — devinrent aveugles et sourds ; et ces braves compagnons de paysans surent profiter habilement de notre état. Ils gagnèrent la partie. Ils nous traitèrent fort bien. Ils auraient pu apprendre bien des choses à la dame blonde ; entr’autres à apprécier les honnêtes gens. Quand nous quittâmes cette province, où nous étions venus pour répandre le sang, beaucoup d’entre nous reçurent des fleurs. Dans les rues du village, on ne nous lança plus de tuiles ni de pierres, mais des bouquets, mon ami ! Je pense que nous l’avions mérité. On peut oublier un mauvais accueil, quand on vous fait de pareils adieux !

Après un moment de silence, il ajouta :

— C’est cela que tu devrais mettre en vers, Vincenzo…