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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/264

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CONTES D’ITALIE

Le peintre répondit avec un sourire rêveur :

— Oui, c’est un excellent sujet pour un petit poème ! Je pense que je saurai le faire. Quand on a dépassé sa vingt-cinquième année, on devient un mauvais lyrique…

Il jeta sa fleur déjà flétrie, en cueillit une autre, regarda autour de lui et continua tout bas :

— Après être allé du sein de sa mère sur le sein de sa bien-aimée, l’homme doit aller plus loin, à un autre bonheur…

Le serrurier se tut et se mit à agiter le vin dans son verre. Au loin, au bas des vignes, la mer bruissait doucement ; dans l’air brûlant flottait l’odeur des fleurs.

— C’est le soleil qui nous rend trop paresseux, trop douillets, murmura le serrurier.

— La poésie ne me réussit déjà plus ; je suis très mécontent de moi-même, dit à mi-voix Vincenzo, en fronçant ses fins sourcils.

— As-tu composé quelque chose ?

Le peintre répondit, après un instant de silence :