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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/268

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CONTES D’ITALIE

elle profondément, après avoir fait cette blessure à la montagne, elle nous accueillit avec rudesse, là-bas, tout au fond. Elle nous envoyait son haleine ardente, qui nous brûlait le sang, nous alourdissait la tête et endolorissait nos membres ; beaucoup d’entre nous s’en sont aperçus ! Ensuite, elle nous lança des pierres et nous aspergea d’eau chaude… oui, ce fut épouvantable, parce qu’il arrivait qu’à la lumière, l’eau devenait rouge. Alors mon père me disait : « Nous avons blessé la terre, à son tour elle nous brûlera, elle nous noiera tous dans son sang, tu verras ! » Évidemment, ce n’était qu’une imagination, mais quand on entend ces propos-là dans un trou profond, au milieu de ténèbres humides et étouffantes, du clapotis lugubre de l’eau et du grincement du fer attaquant le roc, on oublie un peu de distinguer l’imagination de la réalité. Et là, tout était fantastique, cher signor ; nous, hommes, nous étions si petits, et elle s’élevait jusqu’au ciel, cette montagne dont nous percions le sein… il faut voir cela pour le