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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/269

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LA MONTAGNE VAINCUE

comprendre. Il fallait voir la gueule noire, creusée par nous autres, petits hommes, et où nous entrions le matin, à l’aurore, tandis que le soleil accompagnait d’un regard attristé ceux qui s’enfonçaient dans l’abîme, loin de lui… Il fallait voir nos machines et le visage maussade de la montagne… Il fallait entendre, tout au fond, le sombre grondement de ces explosions pareilles aux éclats de rire d’un dément.

L’ouvrier examine ses mains, arrange la médaille sur sa veste bleu foncé et pousse un léger soupir.

— L’homme sait travailler ! continue-t-il avec une fierté manifeste. Oh ! signor, le petit être humain, quand il veut travailler, c’est une force invincible ! Croyez-moi : à la fin des fins, ce petit être humain fera tout ce qu’il voudra. Mon père ne voulait pas le croire, tout d’abord. « Creuser la montagne de part en part, d’un pays à l’autre, disait-il, c’est aller contre la volonté de Dieu, qui a partagé la terre par les murailles des montagnes. Vous verrez que la Madone ne sera