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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/279

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SUR L’EAU

lèvres cramoisies et boursouflées pendent avec lassitude ; le second, qui est de haute taille, porte des favoris blancs ; il semble repassé au fer ; ses yeux en vrille et son nez minuscule se distinguent à peine sur son visage jaune et plat ; puis, trébuchant contre la barre métallique du seuil, surgit un troisième voyageur pansu, roux et replet, aux moustaches martialement hérissées ; il est vêtu d’un costume d’alpiniste et coiffé d’un chapeau à plume verte. Tous trois s’approchent du bord ; le gros plisse tristement les paupières et s’écrie :

— Comme tout est tranquille, n’est-ce pas ?

L’homme aux favoris a mis les mains dans ses poches et écarté les jambes ; dans cette posture, il ressemble à des ciseaux ouverts. Le roux sort une montre d’or grande comme le disque de cuivre d’un balancier d’horloge ; il l’examine, lève les yeux au ciel, regarde le pont, enfin il se met à siffler, marquant la mesure avec sa montre et tapant du pied en cadence.

Deux dames apparaissent ; l’une est jeune