Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
NUNCIA

Une année s’écoule, puis une autre ; la fille rappelle toujours plus la mère et s’en éloigne aussi toujours davantage. Tout le monde s’aperçoit que les garçons ne savent plus à laquelle des deux ils doivent couler des œillades caressantes. Et les amies, — les amis et les amies se plaisent à retourner le poignard dans la plaie, — les amies demandent :

— Eh quoi, Nuncia, ta fille t’éclipse, n’est-ce pas ?

La mère répond en riant :

— On voit les grandes étoiles même quand la lune brille…

Comme mère, elle était fière de la beauté de sa fille ; comme femme, elle ne pouvait pas ne pas être jalouse de cette jeunesse. Nina s’était placée entre le soleil et sa mère et celle-ci souffrait de vivre dans l’ombre.

Lano composa une nouvelle chansonnette, dont le premier couplet était celui-ci :

Si j’étais homme,
Je voudrais que ma fille
Mît au monde une enfant aussi belle
Que celle que j’eus à son âge.