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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/310

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CONTES D’ITALIE

Nuncia ne voulut pas chanter cette chanson. On assurait que Nina avait répété maintes fois à sa mère :

— La vie nous serait plus facile si tu étais plus raisonnable…

Vint un jour pourtant où la fille sans ambiguïté s’exprima :

— Maman, tu m’empêches trop d’être vue par les gens ; je ne suis plus une petite fille ; je veux prendre ma part de la vie. Tu as beaucoup vécu, et gaîment ; le moment n’est-il pas venu où je dois vivre, moi aussi ?

— Pourquoi parles-tu de la sorte ? demanda la mère en baissant les yeux d’un air coupable, car elle savait bien pourquoi sa fille parlait ainsi : c’était à cause de Borbone.

Enrico Borbone était allé en Australie ; il avait exercé le métier de bûcheron dans cette merveilleuse contrée où tous ceux qui le désirent gagnent facilement beaucoup d’argent. Revenu pour se chauffer au soleil de sa patrie, il allait retourner là-bas, où il vivait plus librement. Il avait trente-six