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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/312

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CONTES D’ITALIE

ton ironique, que rien d’ailleurs ne justifiait. Et le jour de la Saint-Jacques, lors de la fête de notre quartier, au moment où tous étaient en liesse, et où Nuncia venait de danser admirablement la tarentelle, sa fille s’écria à haute voix :

— Ne crois-tu pas que tu danses trop ? Cet exercice n’est peut-être plus de ton âge… tu devrais faire attention à ton cœur maintenant.

Tous ceux qui entendirent ces paroles insolentes, proférées cependant avec gentillesse, en restèrent un instant muets. Mais, furieuse, les mains appuyées sur ses hanches d’un dessin si ferme, Nuncia releva l’injure :

— Mon cœur ? C’est lui qui te préoccupe, n’est-ce pas ? Merci, fillette, merci ! Nous verrons quel cœur est le plus fort, du tien ou du mien !

Et après une minute de réflexion, elle proposa :

— Nous allons courir toutes les deux jusqu’à la fontaine et revenir ici, trois fois