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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/315

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NUNCIA

de la femme éprouvée par la vie ; et on ne connaît la vie que lorsqu’on a dépassé la trentaine… Ne te chagrine pas, fillette !

Sans reprendre haleine, Nuncia voulut danser encore la tarentelle :

— Qui vient danser avec moi ?

Enrico sortit de la foule, enleva son chapeau et s’inclinant très bas devant cette brave femme, garda longtemps la tête respectueusement baissée.

Le tambourin se mit à tinter, à bourdonner, à tonner. Et la danse frénétique se déchaîna, enivrante comme un vin noir, vieux et capiteux. Nuncia tourbillonnait ; ses mouvements étaient onduleux et souples, tels ceux d’un serpent. Elle comprenait profondément cette danse passionnée et c’était une grande jouissance que de voir son beau corps invincible vivre et jouer.

Elle dansa longtemps, avec différents partenaires ; la fatigue accablait les hommes, mais Nuncia n’était toujours pas rassasiée et il était près de minuit lorsqu’elle cria :

— Encore une fois, Enrico, la dernière.