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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/314

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CONTES D’ITALIE

coiffée d’un fichu rouge, tandis que la tête de la fille est recouverte d’une dentelle bleue.

Immédiatement, on se rendit compte des chances de chacune d’elles : la mère dépassait la fille en agilité et en force. Nuncia courait avec une telle aisance, une telle grâce, qu’elle semblait portée par la terre comme un enfant par sa mère. Des fenêtres et du trottoir, on se mit à lancer des fleurs sous les pas de Nuncia ; on l’applaudissait, on lui criait des paroles d’encouragement. Au bout des deux premiers tours, elle était en avance sur sa fille de plus de quatre minutes. Nina, brisée, humiliée de son échec, haletante, les larmes aux yeux, tomba sur les marches du parvis, incapable de continuer.

Souple comme une chatte, Nuncia se pencha sur elle en riant et les spectateurs riaient aussi :

— Enfant, dit-elle, — et sa main robuste caressait la tête échevelée de sa fille, — enfant, sache que le cœur le plus ardent au plaisir, au travail et à l’amour, c’est le cœur