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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/36

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CONTES D’ITALIE

en apportant un grand plat jaune et profond.

On pose le plat à terre ; le vieillard y verse avec précaution un jet de liquide rouge et vivant ; quatre paires d’yeux admirent le chatoiement du vin au soleil et les lèvres desséchées frémissent avec avidité.

Une femme survient ; elle a une robe bleu pâle et un fichu de dentelle couleur d’or posé sur ses cheveux noirs. Les hauts talons de ses bottines jaunes résonnent distinctement. Elle mène par la main une fillette aux cheveux bouclés qui tient deux œillets écarlates et chantonne en marchant :

O, ma, o ma, o mia ma-a

La fillette s’arrête derrière le vieux paveur ; elle se tait, se dresse sur la pointe du pied et regarde gravement, par-dessus l’épaule du vieillard, le vin qui coule dans le plat jaune et qui chante comme s’il reprenait la chanson de l’enfant.

Celle-ci a dégagé sa main de la main de la femme, elle arrache les pétales de ses