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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/42

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CONTES D’ITALIE

rien, sauf à la bonne fortune. Mon père était un homme robuste, un pêcheur expérimenté ; mais, quelque temps auparavant, il avait été malade ; il souffrait de la poitrine et ses doigts étaient tordus par le rhumatisme. Il avait travaillé par une froide journée d’hiver, et le mal qui guette tous les pêcheurs avait fondu sur lui.

C’est un vent très méchant et rusé que celui qui nous caresse si doucement ; il souffle du rivage et semble nous pousser amicalement vers la mer. Mais là, il s’approche à la dérobée et se jette sur vous brusquement, comme si on l’avait insulté. La barque est aussitôt désemparée ; elle vogue au vent, quille en l’air parfois, et vous, vous barbotez dans l’eau. Tout cela en moins d’une minute ; à peine avez-vous le temps de recommander votre âme à Dieu, que vous voilà entraîné, pourchassé par le tourbillon. Les brigands sont plus honnêtes que ce vent diabolique. D’ailleurs, les hommes ne sont jamais pires que les éléments.