Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
LE NAUFRAGÉ

Or donc, c’est ce vent-là qui nous assaillit à quatre kilomètres du rivage, tout près, comme vous le voyez. Il nous assaillit à l’improviste, comme un poltron et un lâche.

— Attention, Guido ! me cria mon père, en s’emparant des rames. Vite ! l’ancre !

Mais, tandis que je levais l’ancre, mon père reçut un coup de rame en pleine poitrine ; le vent lui avait arraché l’aviron des mains ; il s’écroula évanoui au fond de la barque. Je n’avais pas le temps de lui venir en aide, car nous risquions d’être renversés d’un instant à l’autre. Quand je saisis les rames, nous étions déjà emportés, Dieu sait où, au milieu d’une poussière d’eau. Le vent éparpillait la crête des vagues et nous en aspergeait comme un prêtre, mais avec plus de zèle, bien que ce ne fût pas pour nous laver de nos péchés.

— C’est très grave, fils ! me dit le père en revenant à lui ; et après avoir jeté un coup d’œil vers le rivage, il ajouta : nous en avons pour longtemps…

Quand on est jeune, on croit difficilement