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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/45

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LE NAUFRAGÉ

Et il me fit part de tout ce qu’il savait des habitudes de tel ou tel poisson ; il m’apprit où, quand, et comment j’avais le plus de chances d’en prendre.

— Nous ferions peut-être mieux de prier, père ? proposai-je. Nous étions comme deux lapins cernés par une bande de molosses à la mâchoire découverte.

— Dieu voit tout, répliqua mon père. Il sait que les hommes créés pour la terre périssent en mer, et que moi, ton père, je dois t’enseigner ce que tu dois savoir. Ce n’est pas des prières qu’il faut à la terre et aux hommes, c’est le travail… Dieu le comprend…

Et après m’avoir confié tout ce qu’il savait de sa profession, mon père m’apprit comment je devais me comporter envers mon prochain.

— Est-ce bien le moment de m’instruire ? demandai-je. Tu ne l’as pas fait sur terre…

— Sur terre, je ne sentais pas la mort aussi proche qu’à présent…

Le vent hurlait comme un fauve et fai-