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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/46

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CONTES D’ITALIE

sait rejaillir les vagues autour de nous. Mon père devait crier pour être entendu ; il clamait :

— Agis toujours comme si personne n’était meilleur ni pire que toi ! Le seigneur et le paysan, le prêtre et le soldat, tous ne forment qu’un seul corps.

Jamais il ne m’avait parlé de la sorte sur la terre ferme. Son visage était bon et gai, mais il me semblait qu’il me considérait avec ironie et méfiance, comme si je n’étais encore qu’un enfant à ses yeux. Parfois même, j’en étais offensé : quand on est jeune, on a de l’amour-propre.

Ses cris avaient sans doute dompté ma frayeur ; c’est probablement pour cette raison que je me souviens aujourd’hui si parfaitement…

Le vieux pêcheur se tut un instant, contempla la mer blanche, sourit, et continua en clignant de l’œil :

— Après avoir étudié avec attention les