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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/62

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CONTES D’ITALIE

— Non, dit-il, j’agis en toute justice, comme tu devrais agir envers moi si c’était moi le coupable.

Il l’abattit comme un oiseau ; puis il alla se remettre aux mains des autorités ; et quand il passa par la grand’rue du village, les gens lui firent place et beaucoup s’écrièrent :

— Tu as agi en honnête homme, Donato.

Devant les juges, il se défendit avec une sombre énergie, avec la brutale éloquence d’une âme primitive :

— J’ai pris une femme pour avoir d’elle un enfant dans lequel nous devions revivre tous deux. Quand on aime, il n’y a ni père ni mère, il n’y a que l’amour ; et l’amour vit éternellement, et ceux-là, hommes et femmes qui le souillent, qu’ils soient maudits de la malédiction de la stérilité, des maladies affreuses, de la mort atroce.

La défense demanda aux juges de reconnaître que le crime avait été commis sous l’empire de la colère. Ils firent mieux. Ils acquittèrent Donato, aux applaudissements frénétiques de l’auditoire. Et Donato revint