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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/63

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LA VENDETTA

à Senerchia avec l’auréole d’un héros ; on l’accueillit comme un homme qui avait strictement observé les vieilles traditions populaires, qui veulent qu’un outrage à l’honneur soit vengé dans le sang.

Peu après l’acquittement de Donato, Emilia Bracco, sa compatriote, sortit de prison ; c’était la triste saison hivernale ; Noël était proche, et à cette époque de l’année on sent tout particulièrement le besoin d’être au milieu des siens, sous le toit de la tiède maison familiale. Emilia et Donato étaient solitaires ; leur renommée n’était pas de celles qui inspirent l’amitié ; le criminel est malgré tout un criminel ; il peut étonner, mais non se faire aimer. Emilia et Donato avaient tous deux les mains teintes de sang, tous deux avaient le cœur brisé ; personne à Senerchia ne trouva donc bizarre que ces deux êtres, marqués par la fatalité, se liassent et décidassent d’embellir mutuellement leur