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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/65

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LA VENDETTA

conduite de sa fille. C’était une femme fière et forte ; malgré ses cinquante ans, elle a gardé jusqu’à aujourd’hui sa beauté de montagnarde.

Tout d’abord, elle ne voulut pas croire aux bruits qui couraient.

— Ce sont des calomnies, dit-elle aux gens ; vous oubliez ce qu’elle a souffert pour défendre son honneur !

— Non, c’est elle qui l’a oublié, pas nous ! répondit-on.

Alors, Sérafina, qui habitait dans un autre village, se rendit chez sa fille et lui dit :

— Je ne veux pas qu’on parle de toi ainsi. Ce que tu as fait autrefois était une œuvre honnête et pure, malgré le sang répandu ; et telle elle doit rester, pour l’édification de tous !

La fille se mit à pleurer et dit :

— Le monde entier est pour les gens, mais pourquoi donc sont les gens, si ce n’est pour eux-mêmes ?

— Demande-le au curé, si tu es trop bête pour le savoir ! répliqua la mère.