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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/71

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EN CHEMIN DE FER

On lui fit immédiatement place ; il rectifia les plis de son costume de toile bleu foncé et poussa un soupir de soulagement ; les mains posées sur ses genoux, il souriait avec bonhomie, d’une bouche édentée.

— Vous allez loin, grand-père ? demanda mon camarade.

— À trois stations d’ici, seulement ! répliqua le borgne. Je vais à la noce de mon petit-fils.

Quelques minutes après, le vieillard nous parlait avec loquacité, parmi le fracas du train, en se balançant comme un rameau cassé un jour d’orage.

— Je suis Ligurien… Nous autres, Liguriens, nous sommes tous très robustes. J’ai treize fils, quatre filles ; je m’embrouille quand je veux compter mes petits-enfants. C’est déjà le troisième qui se marie ; c’est joli, n’est-ce pas ?

Et il regarda fièrement tout le monde de son