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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/85

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L’AMOUR MATERNEL

Et c’est en cette heure de fête, de débauche, de fières évocations de batailles et de victoires, dans le bruit de la musique et des jeux populaires, devant la tente du roi, où d’innombrables bouffons bariolés gambadaient, où luttaient des athlètes, où des danseurs de cordes se ployaient de manière à faire croire que leurs corps étaient sans os, où des guerriers faisaient assaut d’adresse en l’art de tuer, où l’on donnait un spectacle comportant l’exhibition d’éléphants peints en rouge et en vert, à la fois hideux et terribles ; c’est à cette heure où se réjouissaient les hommes de Timour, ivres de la peur que leur inspirait le maître, de la fierté avec laquelle ils contemplaient sa gloire, des fatigues de la conquête, et aussi de vin et de lait de cavale fermenté ; c’est en cette heure de folie, que soudain, traversant le tumulte comme l’éclair transperce les nues, parvint aux oreilles de celui qui avait vaincu le sultan Bajazet, un cri de femme, un cri altier, un cri d’aiglonne, un son familier et proche