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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/84

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CONTES D’ITALIE

tin. Derrière Timour se tenaient des musiciens ; à ses pieds étaient assis les membres de sa famille, des rois et des princes, les chefs des armées ; et enfin celui qui est le plus proche de lui, le poète Kermani, l’ivrogne. Un jour que le destructeur du monde lui avait demandé :

— Kermani ! Combien donnerais-tu de moi, si j’étais à vendre ?

Celui-ci avait répondu :

— Vingt-cinq askers !

— Mais ma ceinture seule les vaut ! s’était écrié Timour étonné.

— C’est à la ceinture seule que je pense ! avait répliqué Kermani, à la ceinture seulement, car de toi je ne me soucie guère !

C’était ainsi que le poète Kermani parlait au roi des rois, à l’homme du mal et de l’horreur. Que la renommée du poète sincère soit à jamais plus grande à nos yeux que celle de Timour-Leng !

Glorifions les poètes pour qui Dieu se résume en une vérité qu’ils savent formuler harmonieusement et avec intrépidité !