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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/92

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CONTES D’ITALIE

par les méchants ; mais, comme l’a dit Shérifeddin, il ressuscitera et viendra à Damas juger les vivants et les morts !

Inclinons-nous devant Celle qui enfante sans se lasser de grands hommes : Aristote est son fils et aussi Firdousi, et Saadi, doux comme le miel, et Omar Khayam, semblable à du vin mélangé avec du poison, et Iskander et Homère l’aveugle. Tous sont ses enfants. Tous ont bu son lait. Elle a fait entrer chacun d’eux dans le monde, en les tenant par la main, quand ils n’étaient pas plus haut qu’une tulipe. Tout ce qui fait l’orgueil des peuples vient des mères !

Et alors, Timour-Leng, le vieux tigre boiteux, le vieux destructeur de villes, se mit à réfléchir ; il garda longtemps le silence ; puis il dit, en s’adressant à tous :

Men tangri Kouli Timour ! Moi, Timour, serviteur de Dieu, je dis ce qu’il faut dire ! Voici : j’ai vécu, et depuis de longues années la terre gémit sous mon poids ; il y a trente ans que je détruis de ma main la récolte de la mort ; je la détruis