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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/95

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L’AMOUR MATERNEL

Elle rejeta en arrière ses cheveux noirs qui couvraient son visage, sourit au roi et répondit en secouant la tête :

— Oui ! C’est bien !

Alors, le vieillard terrible se leva et s’inclina silencieusement devant elle. Le joyeux poète Kermani chanta avec une allégresse juvénile :

Quoi de plus beau qu’un hymne aux astres et aux fleurs ?
« Une chanson d’amour ! » me répondra la Femme.
Quoi de plus beau que le soleil dans sa splendeur ?
L’amoureux s’écriera : « Celle qu’élut mon âme ! »
Certes, l’étoile est belle et l’éclatant flambeau
Du soleil embellit l’azur qui l’environne ;
Plus que les fleurs, les yeux d’une amante sont beaux,
Et mieux que le soleil son sourire rayonne.
Mais le plus beau des chants, nul encor ne l’a dit :
C’est le chant du principe éternel de la terre,
Le chant majestueux, où l’Amour resplendit,
De Celle qu’ici-bas nous appelons : la Mère !

Et Timour-Leng dit à son poète :

— Très bien, Kermani ! Dieu ne s’est pas trompé quand il a choisi tes lèvres pour célébrer sa sagesse.

— Dieu lui-même est un poète, déclara l’ivrogne Kermani.