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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/138

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malade ; le Nègre, malade lui-même, déclare qu’il ne s’occupera de sa santé que quand le maître sera guéri ; mais ce bon Africain succombe de fatigues, et après vingt ans de services gratuits meurt, en 1776, en léguant à du Colombier le peu qui lui restoit[1].

On connoît trop peu l’anecdote de Louis Desrouleaux, Nègre, pâtissier à Nantes, puis au Cap, où il avoit été esclave d’un nommé Pinsum, de Bayonne, capitaine négrier. Ce capitaine, revenu en France avec de grandes richesses, s’y ruine ; il repasse à Saint-Domingue : ceux qui se disoient ses amis lorsqu’il étoit opulent, daignent à peine le reconnoître. Louis Desrouleaux, qui avoit acquis de la fortune, les supplée tous ; il apprend le malheur de son ancien maître, s’empresse de le chercher, le loge, le nourrit, et cependant lui propose d’aller vivre en France, où son amour propre ne sera pas mortifié par l’aspect des ingrats qu’il a faits. Mais je n’ai rien pour vivre en France…

  1. V. Journal de littérature, des sciences et des arts, t. III, p. 188 et suiv.