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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/294

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n’est qu’une abstraction (actuellement telle est la mode chez une nation qui n’a que des modes) ; s’ils imprimoient que l’on exerce contre les Blancs révoltés, rebelles, de justes représailles, et que d’ailleurs les esclaves blancs sont heureux, plus heureux que les paysans au sein de l’Afrique ; en un mot, si tous les prestiges de la ruse et de la calomnie, toute l’énergie de la force, toutes les fureurs de l’avarice, toutes les inventions de la férocité étoient dirigées contre vous par une coalition d’êtres à figure humaine, aux yeux desquels la justice n’est rien, parce que l’argent est tout ; quels cris d’horreur retentiroient dans nos contrées ! Pour l’exprimer, on demanderoit à notre langue de nouvelles épithètes ; une foule d’écrivains s’épuiseroient en doléances éloquentes, pourvu toutefois que n’ayant rien à craindre, il y eût pour eux quelque chose à gagner.

Européens, prenez l’inverse de cette hypothèse, et voyez ce que vous êtes.

Depuis trois siècles, les tigres et les panthères sont moins redoutables que vous pour l’Afrique. Depuis trois siècles, l’Europe, qui se dit chrétienne et civilisée, torture