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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/60

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produisent journellement l’exemple sous les yeux des Nègres apportés en Europe, ou transportés dans nos colonies ? Je ne suis pas surpris de lire dans Beaver, certainement ami des Nègres, et qui dans son African memoranda se répand en éloges sur leurs vertus natives et leurs talens : « J’aimerois mieux introduire chez eux un serpent à sonnettes, qu’un Nègre qui auroit vécu à Londres[1] ». Cette phrase exagérée, et qui n’est pas un compliment flatteur pour les Blancs, indique ce que deviennent des individus à qui on inculque tous les genres de dépravation, sans leur opposer un seul frein qui en amortisse les funestes résultats.

Homère assure que quand Jupiter condamne un homme à l’esclavage, il lui ôte la moitié de son esprit. La liberté conduit à tout ce qu’ont de sublime le génie et la vertu, tandis que l’esclavage les étouffe. Quels sentimens de dignité, de respect pour eux-mêmes peuvent concevoir des êtres considérés comme

  1. V. African memoranda, relative to an attempt to establish a british settlement in the Island of Boulam, by captain Phylips Beaver, in-4o, London 1805. I would rather carry thither a rattle snake, etc., p. 897.