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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/67

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on leur comprime la bouche, empêche encore d’entendre leurs cris lorsqu’on les fouette[1] ».

La crainte qu’inspirèrent les Marrons de la Jamaïque, en 1795, fit trembler les planteurs. Un colonel Quarrel offre à l’assemblée coloniale d’aller à Cuba chercher des meutes de chiens dévorateurs ; sa proposition est accueillie avec transport. Il part, arrive à Cuba, et dans le récit de cette infernale mission, s’intercale la description d’un bal que lui donne la marquise de Saint-Philippe. Il revient à la Jamaïque avec ses chiens et ses chasseurs, qui, heureusement, ne servirent pas, parce qu’on fit la paix avec les Marrons. Mais on doit savoir gré de leur intention à ces planteurs, qui payèrent largement les chasseurs, et votèrent des remerciemens, des récompenses au colonel Quarrel, dont le nom à jamais abhorré doit figurer à côté de Phalaris, Mezence, Néron, etc. Je le demande avec douleur, mais la vérité est plus respectable que les individus ; malgré

  1. V. American Museum, in-8o, Philadelphie 1789, t. VI, p. 407.