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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/89

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tourmente en Afrique et en Amérique ; ils s’indignent de ce qu’on trouble la jouissance des tigres dévorant leur proie ; ils ont même tenté d’avilir la qualité de philantrope, ou ami des hommes, dont s’honore quiconque n’a pas abjuré l’affection pour ses semblables ; ils ont créé les épithètes de négrophiles et blancophages, dans l’espérance qu’elles imprimeroient une flétrissure ; ils ont supposé que tous les amis des Noirs étoient les ennemis des Blancs et de la France, que tous ils étoient soudoyés par l’Angleterre. L’auteur de cet ouvrage, accusé jadis d’avoir reçu 1,500,000 liv. pour écrire en faveur des Juifs, devoit avoir reçu 3,000,000 pour s’être constitué l’avocat des Nègres. Ne demandez pas si nos antagonistes n’ont pas encore employé d’autres armes que le sarcasme et la calomnie. Une souscription ouverte, dit-on, autrefois à Nantes, pour faire assassiner un philantrope qu’on avait pendu en effigie au cap Français et à Jérémie, donne la mesure de ce que l’on peut gagner quand on plaide la cause de la justice et de l’infortune. Frapaolo-Sarpi disoit avec raison que si la peste avoit des bénéfices et des pensions à donner, elle trouveroit des