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ROMAN D’UN PÈRE.

la raison de son aversion pour le mariage ; mais je serai riche le plus tard possible, car tout mon bien me viendra d’une vieille tante qui m’a élevé et que j’adore. Eh bien, je me marierai quand je serai riche, pas avant, — car je ne veux pas faire entrer « mes espérances » au contrat, et actuellement personne ne me donnera sa fille pour mes beaux yeux !

Il riait avec tant de jeune confiance, avec tant de bonne humeur que j’avais été prêt plus d’une fois à glisser sur le terrain des invites ; cet avocat sans causes gagnait sans s’en douter, à toute heure du jour, le procès de la jeunesse et de la gaieté contre la sagesse mondaine. Mais Suzanne, qui chantait volontiers des duos avec lui, ne le considérait que comme un très-aimable baryton, et je fus contraint de renoncer à nommer Maurice Vernex mon gendre.

Ma belle-mère aussi avait trouvé son gendre, et plus heureuse que moi, d’ailleurs secondée par le sujet lui-même, elle parvint à le faire agréer.

M. Paul de Lincy était le type du mari modèle, le mari en carton-pâte que toutes les mères désireuses de « bien marier » leurs filles devraient placer sur leur commode, sous un globe.