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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/102

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SUZANNE NORMIS.

C’était un beau garçon de trente-deux ans, large d’épaules, quelque peu ventru, mais guère, avec des favoris noirs, des cheveux noirs, des yeux gris un peu bridés ; grand chasseur devant l’Éternel, grand fumeur devant tout le monde, — hormis les dames ; — grand buveur, je l’appris plus tard, dans le secret de son cabinet. Ce mari superbe possédait une belle terre, patrimoine authentique de sa famille, avec un vrai château en pierres de taille, entouré de vrais fossés où coassaient de vraies grenouilles ; bref, tout était vrai en lui et en ses appartenances.

— Il ne me plait pas énormément, dis-je à ma belle-mère, qui me détaillait tous ces avantages réels.

— Que vous faut-il de plus ? rétorqua-t-elle avec sa vivacité accoutumée.

— Je ne sais… peut-être quelque chose de moins… Suzanne est si mignonne, si frêle auprès de ce gros garçon… j’ai peur qu’il ne la casse en lui serrant la main.

Ma belle-mère haussa les épaules.

— Et puis ces messieurs les hommes, dit-elle, prétendent que les femmes seules ont le privilège des fantaisies romanesques ! Enfin, l’autori-