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Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/85

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ROMAN D’UN PÈRE.

Je n’étais pas enchanté ; cependant, ne voyant guère d’autre moyen de trancher la difficulté, je finis par acquiescer. Mais je voulus en échange avoir le cœur net de mes doutes :

— Alors, ce sont les mamans ou les papas qui font ces belles analyses que tout le monde admire ?

— Évidemment ! murmura ma belle-mère en haussant les épaules.

— Et ces messieurs les catéchistes l’ignorent ?

Ma belle-mère me tourna le dos, ce qui était son argument sans réplique. Fier de mon avantage, je poursuivis :

— S’ils l’ignorent, c’est eux que l’on trompe ; — mais s’ils ne l’ignorent pas, c’est le cas de demander : qui trompe-t-on ici ? Et la vérité, première base de la foi, et l’honneur, et la loyauté, qu’en faisons-nous en tout ceci ?

— Voulez-vous que je vous dise, mon gendre ? repartit ma belle-mère en tournant vers moi son visage irrité ; vous devriez vous faire protestant.

Et elle me quitta, enchantée de sa sortie.

Je fis les analyses de Suzanne, qui les recopia de sa plus belle écriture sur du papier vélin, orné de filets d’or ; c’était la mode cette année-