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Page:Grand’Halte - Les gaités d’un pantalon, 1921.djvu/19

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VOIX NOCTURNES


celle-ci, par extraordinaire, le repoussa, en un geste d’énergique rébellion.

Ce n’était point dans les habitudes de Léa ; au contraire, la charmante enfant était habile à ouvrir les chemins épineux. Il eut donc un accès de juste colère :

— Bouge pas Lélé ; on n’est pas ici pour faire du jiu-jitsu !

Et ses mains énervées fouillèrent le peignoir, le tordant sans scrupules. Soudain il s’arrêta :

— C’est drôle ! On dirait qu’ t’as grandi !

Un soupçon se glissa dans son cœur. La nuit était trop profonde pour lui permettre de voir avec ses yeux ; il se servit donc de ses doigts.

Ceux-ci, souples et fureteurs, atteignirent un chignon sans esthétique, descendirent sur un front étroit et brusquement se butèrent à un nez majestueux. Cette fois il eut une certitude ; ce n’était, certes, pas là le petit bout de nez dont s’ornait le fin visage de Léa.

Il se recula épouvanté :